mercredi 13 janvier 2021
Discours de vœux d’Anne Hidalgo
Seul le prononcé fait foi
Parisiennes, Parisiens,
mes chers amis,
2020 !
On se souviendra longtemps de cette année 2020.
Une année qui a bouleversé nos vies. Elle nous a rappelé notre fragilité en même temps que notre capacité de résistance. Une de ces années qui marquent une rupture profonde, après quoi plus rien ne sera comme avant. Je pense aux petites Parisiennes et aux petits Parisiens qui sont nés cette année. Nés en 2020, comme d’autres sont nés en 1914, en 1945 ou en 1968, à des points de bascule de notre histoire, marqués par les évènements de l’année de leur naissance.
A ces enfants, on racontera peut-être un jour que cette année marquait la fin d’une époque et qu’ils sont nés en même temps qu’un monde nouveau. Je dis, peut-être, car voilà notre responsabilité.
Le virus a fait basculer notre planète, nos démocraties, nos vies, dans l’incertitude. Malheureusement les semaines à venir seront encore marquées par les difficultés. La vaccination doit être une priorité absolue. Paris sera pleinement mobilisée pour qu’elle se déploie le plus vite possible. Il n’y a pas de place pour l’hésitation. L’État doit s’appuyer sur les collectivités locales, pour la santé de nos concitoyennes et concitoyens, pour permettre à notre Ville de reprendre vie. Ce virus nous aura tous durement touchés, et il nous met aujourd’hui face à un choix de société.
Nous pouvons nous replier sur nous-même et tout faire pour retrouver ce que nous avions. Mais nous pouvons aussi décider de changer un modèle qui a atteint ses limites et bâtir un Paris différent.
2020 !
Nombreux sont celles et ceux qui voudraient oublier cette année. Je n’en fais pas partie. Je ne veux pas oublier celles et ceux qui ont été emportés par la maladie, qui ont perdu un proche, qui ont été confrontés à ce virus et qui en portent encore aujourd’hui les séquelles.
Je veux avoir une pensée particulière pour les agents de la ville touchés. Je pense aux malades, aux familles, aux enfants, aux proches.
Je ne veux pas oublier celles et ceux qui sont empêchés d’exercer leur activité, et qui souffrent tellement de ne pas voir la lumière au bout du tunnel. Les cafetiers et restaurateurs, les hôteliers, l’ensemble des acteurs du tourisme, les lieux de culture et les artistes et techniciens, tous ceux qui font la singularité de Paris.
Je ne veux pas non plus oublier le formidable engagement de nos soignants et des personnels de santé. Ils ont tout donné pour prendre soin de ceux qui étaient malades. Aux dépens parfois de leur propre santé. Ils ont fait preuve de tant de courage et d’abnégation, alors non je ne veux pas les oublier.
Je ne veux pas oublier toutes celles et tous ceux qui ont permis à la vie de continuer. Ils étaient en première ligne et on voudrait aujourd’hui les placer au dernier rang des priorités. Ils ont tenu Paris debout et notre investissement pour eux doit être à la hauteur de leur engagement.
Je ne veux pas oublier non plus toutes celles et tous ceux qui ont permis à nos services publics de continuer de fonctionner. Agents de la Ville et de l’État, ils ont démontré, chacun à leur manière, que l’intérêt général ne se marchande pas. Lorsque tout le reste semble pouvoir s’effondrer, ils répondent présents. Je le dis aujourd’hui, durant cette crise, le service public a été au rendez-vous de l’exceptionnel et du quotidien.
Je ne veux pas oublier celles et tous ceux qui se sont engagés pour les autres, dans ce moment où nous avions tant besoin de fraternité. Car quand la liberté est empêchée, que l’égalité face au virus ne peut exister, alors il nous reste la fraternité pour tenir la devise et la promesse de notre République. Qu’ils soient bénévoles dans une association, qu’ils aient œuvré pour les autres, qu’ils aient simplement donné une attention ou un coup de main à une voisine ou un voisin qui en avait besoin, les Parisiennes et les Parisiens nous ont montré, encore une fois, que la solidarité fait partie de leur ADN. Elle est l’Histoire et l’Avenir de Paris.
Je ne veux pas non plus vous oublier, mes chers collègues, élus de Paris ou d’arrondissements, présidents de groupes, élus métropolitains, adjoints, maires de chacun des 17 arrondissements de notre capitale. Vous avez été présents, et au-delà de nos sensibilités politiques, nous avons œuvré ensemble pour permettre à Paris de passer cette année si particulière. Je veux vous remercier au nom des Parisiennes et des Parisiens, en mon nom, de ne pas avoir compté votre temps ni économisé vos forces. Vous avez apporté vos compétences et vos idées pour trouver des solutions au plus près des attentes des habitants.
Je salue votre engagement et je suis fière de présider un Conseil de Paris qui sait se mettre au service de l’intérêt général. Merci à vous.
L’année passée n’a malheureusement pas été marquée seulement par la pandémie et je ne veux pas oublier qu’en 2020 un professeur a été décapité pour avoir montré des caricatures à ses élèves.
L’émotion qui a traversé notre pays, l’atteinte aux fondements de notre République que ce geste représente, la volonté de dialogue citoyen qui s’en est suivi jusque dans les rangs des élèves du Bois d’Aulne, alors non je ne veux pas oublier Samuel Paty.
Non je n’oublierai pas cette année 2020, mais comme vous, comme l’ensemble des Parisiennes et des Parisiens, je veux ouvrir un chapitre nouveau.
Mes chers amis, l’année qui s’ouvre est une promesse qui ne peut être déçue.
La tentation sera grande de vouloir refaire à l’identique, alors que notre avenir passe par la transformation profonde de notre modèle. C’est le choix que notre équipe municipale fait, celui d’un Paris plus solidaire et mieux préparé aux chocs de demain. Un Paris plus juste, qui prend soin de son environnement et préserve la santé de ses habitants. La confiance ne s’obtient que par le respect de la parole donnée.
Alors en 2021, nous mettrons en œuvre le projet pour lequel les Parisiennes et les Parisiens nous ont élus.
La transformation de notre ville avec près de 1,5 milliard d’euros d’investissement. Avec plus de nature partout où c’est possible. Nous ouvrirons le plus grand verger de Paris dans le parc Martin Luther King, plus de 10 axes important de la capitale seront végétalisés et les familles parisiennes pourront profiter de près de 20 nouvelles rues aux écoles. C’est un nouveau grand parc de 3 hectares qui ouvrira dans le 20ème arrondissement.
Nous transformerons des espaces de bureau en logements accessibles pour les Parisiennes et les Parisiens, parce que c’est leur première préoccupation, c’est là que naissent les difficultés. nous gagnerons encore plus d’espace sur la voiture, pour le rendre aux piétons et aux cyclistes avec la pérennisation de nombreuses pistes cyclables, l’ouverture dès samedi des cours Oasis qui permettront aux familles de profiter de leur quartier, avec aussi la piétonisation du centre de Paris. Nous passerons une nouvelle étape dans la lutte contre la pollution en interdisant l’accès de Paris aux véhicules les plus polluants.
Nous lancerons la transformation de la porte de la Chapelle. Nous ouvrirons un stade éphémère au Trocadéro dès l’été, si les conditions sanitaires le permettent, au moment des jeux olympiques et paralympiques de Tokyo qui préfigurent le rendez-vous si important de Paris 2024. Le Champ de Mars deviendra après 2024, un parc magnifique au cœur de Paris. Pour les Champs-Élysées, nous allons refaire la place de la Concorde avant les Jeux, puis la totalité de l’avenue ensuite; ce sera un autre jardin extraordinaire. Concernant la tour Montparnasse et son environnement, les travaux démarrent cette année.
Dès le 4 février les Parisiennes et les Parisiens pourront déposer leurs projets pour le Budget participatif, la nuit de la solidarité aura lieu le 25 mars prochain, nous permettrons à la démocratie parisienne de s’exprimer et aux Parisiennes et aux Parisiens d’agir.
La crise nous a montré que la meilleure politique publique est celle du terrain.
Alors je donnerai plus de pouvoir aux maires d’arrondissement. C’est une nouvelle étape importante que nous franchirons pour que le service public parisien soit encore plus proche des attentes et des besoins des habitants. l’objectif est de faire de l’arrondissement l’échelon de référence de l’action municipale. C’est un enjeu d’égalité entre toutes les Parisiennes et tous les Parisiens.
En 2021, il nous faudra aller au-delà de nos engagements pour répondre à la crise.
Il faudra vraiment donner à l’hôpital les moyens de soigner tous les malades. En 2020, nous avons paré à l’urgence, nous avons créé une direction de la santé publique parisienne, nous avons renforcé nos liens avec les professionnels de santé, nous avons veillé sur les plus fragiles. nous avons appris de notre engagement dans la lutte contre le sida qu’il est possible de nous protéger les uns les autres, de nous unir contre un virus qui s’attaque à nos liens, nos modes de vie.
Cette année l’enjeu est celui de la vaccination. la Ville prendra toute sa part en mettant à disposition, en lien avec l’État, les lieux et les infrastructures pour la vaccination du plus grand nombre. La santé n’a pas de prix. Mais je resterai vigilante, la lutte contre le virus ne peut se faire au détriment des libertés publiques.
En 2021, nous transformerons également notre modèle économique parisien.
Notre économie doit être plus juste, elle doit profiter à tous, elle doit prendre en compte l’enjeu du climat.
Nous devons maintenant, avec l’ensemble des acteurs économiques, définir ce que doit être le progrès pour Paris, pour les Parisiennes et les Parisiens. Dans les semaines qui viennent, je les réunirai à l’Hôtel de Ville afin de proposer au gouvernement un plan territorial de relance pour l’économie parisienne.
Paris et sa métropole sont un poumon économique, il faut nous donner de l’air et c’est tout le pays qui en bénéficiera.
l’État doit être à la hauteur de ses engagements.
Pour que le plan de relance bénéficie vraiment aux habitants, il doit passer par les collectivités territoriales.
Ce qui suppose plus de décentralisation pour plus d’efficacité. Nous connaissons le terrain et les enjeux, il ne nous manque que la confiance de l’État et des moyens massifs pour la relance.
En 2021, il faudra également consolider nos liens. La crise sanitaire et le confinement ont imposé à l’ensemble de nos services publics municipaux d’agir différemment. Ne pas attendre que les gens soient en difficulté mais aller vers eux avant qu’ils ne basculent. Beaucoup a été fait, mais beaucoup reste à faire. Face à la crise que nous traversons, il faut prendre nos responsabilités mais aussi accompagner ce formidable élan citoyen qui s’est manifesté à travers les Nuits de la Solidarité et durant le confinement. Nous donnerons les outils aux Parisiennes et aux Parisiens qui veulent agir au quotidien dans leur quartier. Nous pourrons nous appuyer sur la Fabrique de la Solidarité et les volontaires de Paris pour accompagner ces solidarités de proximité.
En 2021, nous soutiendrons, accompagnerons et remettrons les lieux de culture au coeur de notre projet de société.
Au-delà de l’importance de ce secteur dans notre économie, l’intelligence et la création, la culture seule peut nous rappeler à quel point nous sommes proches quelles que soient nos différences. A quel point nos destins sont liés. Et parce que c’est un enjeu démocratique essentiel, la culture doit être accessible et partagée par tous !
En 2021, il faudra reformuler la promesse républicaine pour que chacun des élèves puisse l’entendre et se l’approprier.
Cette promesse c’est d’abord de donner les outils pour bâtir une pensée libre. Pour cela il faut changer nos manières d’apprendre et d’enseigner. En gardant à l’esprit que la crise économique et sociale qui s’annonce risque d’aggraver des inégalités qui sont déjà inacceptables. Paris compte 300 000 jeunes de 18-25 ans. Un décrochage massif est à l’œuvre, notamment des étudiants, ainsi qu’une précarité grandissante, car les petits boulots ont disparu. Cela crée de l’isolement, de la solitude, du mal-être, voire de l’anxiété et de la dépression. la génération 2020 ne doit pas être une génération sacrifiée. Afin de donner à la jeunesse les moyens de relever les défis du monde qui arrive. Un monde où l’urgence climatique représente une menace sans précédent.
Un monde où les solutions reposeront sur l’innovation. Un monde nouveau qui requiert de nouveaux apprentissages. Telle est l’ambition de l’académie du climat qui ouvrira ses portes en septembre prochain. Et dès avant l’été, nous allons créer une maison pour la jeunesse, où elle trouvera un accueil, des réponses, un accompagnement, des propositions concrètes. Les jeunes y trouveront toutes les informations sur les dispositifs d’alternance, les formations diplômantes par le travail, les stages, le mentorat, mais aussi le service civique, je demanderai aussi l’engagement des entreprises et je sais que je peux compter sur elles. Je veux que chaque jeune Parisienne et chaque jeune Parisien bénéficie d’une proposition de service civique qualifiante.
Nous devons leur donner espoir en l’avenir.
Un avenir qui passe aussi par une démocratie vivante.
Le premier mot doit venir des citoyennes et des citoyens et le dernier mot doit également leur revenir.
Ils doivent être force de proposition, de décision et d’action tout au long du mandat. Il nous faut pousser les murs d’un modèle dépassé.
Mes chers amis, les semaines qui viennent seront difficiles encore, mais vous me trouverez à vos côtés, vous trouverez l’ensemble des élus et des agents de la ville à vos côtés.
Et aux beaux jours, dès que nous le pourrons, nous aurons la joie de nous retrouver pour danser, pour chanter, pour profiter à nouveau de Paris, ensemble.
Je nous souhaite une belle et heureuse année 2021 ensemble.
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