mercredi 10 janvier 2024
Discours de vœux d’Anne Hidalgo
Seul le prononcé fait foi
Mesdames, messieurs,
Très chers collègues,
Mes chers amis,
Je suis très heureuse de vous retrouver pour les traditionnelles cérémonies de vœux. Cela fait du bien de revoir vos sourires et de partager ce moment convivial après deux années marquées par le Covid et les restrictions.
Du fond du cœur, je vous souhaite une très belle année 2023, pleine de bonheur et de réussite pour vous et celles et ceux qui vous sont chers et vous entourent.
Je veux saluer le travail exceptionnel mené par toute l’équipe municipale, l’ensemble de mes adjoints et le premier d’entre eux, Emmanuel Grégoire, que je remercie pour ses mots chaleureux et pour son action.
J’aimerais aussi remercier les maires d’arrondissement, les présidents de groupes, de la majorité comme de l’opposition, mais aussi les conseillers d’arrondissement qui font vivre au quotidien la démocratie de proximité.
Je pense aussi à tous les agents de la ville mobilisés chaque jour dans nos rues et dans nos équipements. Merci également aux pompiers, aux policiers, aux gendarmes, aux conducteurs de métro et de bus, aux médecins, aux soignants, merci à ces femmes et à ces hommes qui sont le service public.
Merci aux forces vives, aux artisans, aux commerçants, aux acteurs de la culture et du tourisme qui font de Paris la plus belle ville du monde.
Merci à la Secrétaire générale, Marie Villette, à ses adjoints, aux directrices et aux directeurs qui ont l’intérêt général chevillé au corps.
Merci à tous les acteurs de la métropole et au président de la Métropole du Grand Paris, Patrick Ollier, pour son action au service des habitants. Avec toi et les 131 maires de la Métropole, nous construisons le Grand Paris de l’avenir. D’ici 2030, les portes de Paris auront été transformées en places du Grand Paris, c’est ainsi que nous renforcerons les liens entre nos villes.
Merci à chacune et à chacun d’entre vous.
Vous êtes chaque jour au travail, avec vos équipes, pour offrir le meilleur aux Parisiennes et aux Parisiens. Sans vous, rien ne serait possible.
Je n’oublie pas le contexte difficile dans lequel nous évoluons. Nos concitoyens sont inquiets. Notre pays est fracturé. Il traverse une crise climatique mondiale, une crise démocratique, une crise sociale. Les fondements de notre pacte social issus des « Jours heureux » et du Conseil national de la Résistance (CNR) sont attaqués. Aujourd’hui plus que jamais.
Mais j’ai confiance en vous. J’ai confiance dans Paris et en sa capacité à surmonter les crises comme elle l’a toujours fait. C’est la force de Paris.
- Après deux années difficiles, nous avons retrouvé en 2022 tout ce qui fait la magie et la beauté de Paris.
Les Parisiennes et les Parisiens ont renoué avec les terrasses, les expositions, les jardins, les restaurants, notre art de vivre.
Paris est à nouveau une fête.
Je repense avec émotion à ce dernier 31 décembre où, sur les Champs-Élysées, 1 million de personnes se sont retrouvées pour admirer le feu d’artifice. Chère Jeanne, Madame la Maire, quelle joie de revoir cette foule sur la plus belle avenue du monde ! J’aimerais remercier chaleureusement le préfet de police, Laurent Nunes, et à travers lui tous les agents de la préfecture de police. Merci aux policiers municipaux, aux agents de l’AP-HP, aux volontaires de la protection civile et de la Croix-Rouge et de l’Ordre de Malte, qui ont permis à cet évènement d’être un formidable succès. Lorsque la ville et l’État travaillent main dans la main, nous savons organiser de très belles manifestations à Paris.
Relayé à travers le monde, ce feu d’artifice a partout montré combien Paris s’était relevée plus forte de la crise sanitaire.
L’activité économique a repris de plus belle notamment grâce à nos commerçants, à nos artisans. Nous continuerons à soutenir les commerces qui font l’identité de Paris. Je les en remercie.
À nouveau, les amoureux de Paris sont revenus en nombre en 2022. Les tournages de films mais aussi de séries se succèdent – dont certaines donnent même une image sublimée de notre capitale. Je pense bien sûr à Emily in Paris !
Paris a continué à se transformer pour être plus agréable à vivre. En 2022, nous avons créé de nouveaux espaces verts, étendu des jardins, rénové des squares, planté 18 000 arbres autour du périphérique, 12 000 dans les bois et 8 000 dans nos rues et nos jardins. Nous avons réduit la place de la voiture. Car moins de voiture, c’est moins de pollution. Nous avons amélioré la qualité de l’air pour protéger notre santé et celle de nos enfants, de nos aînés. Nous avons continué à reconquérir des places de stationnement pour les rendre aux piétons et aux cyclistes et nous avons réalisé plus de vingt nouvelles pistes cyclables.
En 2022, nous avons mis en œuvre le programme pour lequel les Parisiennes et les Parisiens nous ont accordé leur confiance.
Nous pouvons en être fiers. Fiers que Paris soit dans le duo de têtes des villes les plus agréables au monde.
Je vous le dis, c’est avec cette même énergie que nous abordons 2023.
- Cette énergie, nous en aurons besoin car les défis ne manqueront pas en 2023.
Je veux d’abord parler du dérèglement climatique.
Et je veux le dire ce matin avec gravité : les évènements climatiques se déroulent exactement comme les scientifiques, et notamment ceux du GIEC, le prédisent depuis 40 ans. Personne ne peut être surpris.
A Paris, nous avons toujours écouté les experts et les scientifiques.
Nous continuerons à leur faire confiance en accélérant la révolution écologique en 2023. C’est notre responsabilité, notre devoir.
D’abord, en redonnant plus de place à la nature.
Ces douze prochains mois, le rythme des plantations va plus que doubler.
20 nouvelles rues aux écoles verront le jour : je pense notamment aux rues Pontoise dans le 5ème arrondissement, Littré dans le 6ème arrondissement, Bouton dans le 12ème arrondissement, Philippe de Girard dans le 18ème arrondissement, Rampal dans le 19ème arrondissement et Le Vau dans le 20ème arrondissement.
Plus de 50 000m2 d’espaces verts seront créés parmi lesquels 30 cours Oasis, 7 nouveaux parcs et jardins comme rue Vivienne et dans l’îlot Saint-Germain, 3 nouveaux tronçons de petite ceinture dans le 18ème arrondissement et 3 nouvelles promenades. C’est l’équivalent de 200 terrains de tennis.
Nous rénoverons nos squares pour le bonheur des familles, notamment le square Estienne d’Orves dans le 9ème arrondissement, le square du Moulin de la Vierge dans le 14ème arrondissement, le square Paul Gilot dans le 15ème arrondissement, le square Georges Sarre dans le 11ème arrondissement et le square Sarah Bernhardt dans le 20ème arrondissement.
Je pense aussi au square Forceval dans le 19ème arrondissement. J’ai entendu les attentes des riverains et je les partage. Avec le maire du 19ème arrondissement, nous allons le réhabiliter au plus vite afin qu’il soit beau.
2023 verra aussi le début des travaux de la deuxième forêt urbaine de la mandature après celle de la place de Catalogne dans le 14ème arrondissement, qui sera inaugurée cette année. Plus de 2 000 arbres seront plantés sur le site d’une ancienne gare de marchandises de la petite ceinture, entre le jardin de la Gare de Charonne et le Cours de Vincennes, dans le 20ème arrondissement.
Nous continuerons à déployer les énergies renouvelables avec l’ouverture de 15 centrales solaires sur les toitures d’équipements publics, un beau projet né d’une initiative citoyenne et soutenu par le budget participatif. Nous amplifierons la récupération de chaleur dans les égouts. Je pense aussi à notre « Coopérative carbone territoriale » qui continuera de mettre en relation les citoyens, les institutions, les entreprises et les porteurs de projets pour financer la transition énergétique.
La révolution écologique sera aussi celle du changement de nos habitudes, pour produire et consommer différemment.
Au printemps, nous donnerons un nouvel élan à l’économie sociale et solidaire avec l’ouverture de l’hôtel d’activités Serpollet, dans le 20ème arrondissement, pour regrouper les activités de transformation alimentaire, notamment les invendus. Je pense aussi à l’hôtel Berlier dans le 13ème arrondissement qui, lui, sera entièrement dédié au textile.
Tout au long de l’année, l’Académie du climat sera notre meilleure alliée pour réunir les Parisiennes et les Parisiens, jeunes ou moins jeunes, qui, en un an seulement, se sont appropriés ce lieu.
Changer nos habitudes, c’est aussi continuer à transformer en profondeur notre ville pour l’adapter au réchauffement climatique.
2023 sera une année décisive. Nous allons adopter deux documents majeurs – le PLU bioclimatique et le nouveau plan Climat 2024-2030 – pour planifier et repenser chaque nouveau projet urbain en l’adaptant au changement climatique.
Je le redis, en 2023, nous assumerons plus que jamais notre identité politique : moins de voiture pour un air plus pur.
Nous construirons donc 45 kilomètres de pistes cyclables. Je pense par exemple au boulevard du Palais et à la rue du Renard dans Paris Centre, au boulevard Saint-Michel et à la rue Saint-Jacques dans le 5ème arrondissement, à la rue de Londres dans le 8ème arrondissement, à la rue Lafayette dans les 9ème et 10ème arrondissements, à l’avenue Parmentier dans le 11ème arrondissement, à l’avenue d’Ivry dans le 13ème, à l’avenue du Général Leclerc dans le 14ème, à la rue de Vaugirard dans le 15ème arrondissement, à la rue du général Niox dans le 16ème arrondissement, à la rue de Meaux dans le 19ème arrondissement. La liste est longue !
Début février, nous dévoilerons également la carte des « olympistes » que les associations vélos nous ont proposées et avec lesquelles nous travaillerons en lien étroit. Je les en remercie. Ces nouvelles pistes relieront les sites olympiques et resteront en place après les Jeux pour notre plus grand bonheur.
Moins de voitures, moins de scooters, c’est aussi moins de bruit.
2023 connaîtra une étape décisive dans la zone à trafic limité (ZTL) pour apaiser le centre de Paris. À l’image de Lyon, Bordeaux, Nantes, Grenoble, Strasbourg ou Nice et d’autres grandes villes européennes comme Oslo ou Milan, nous rendons le cœur de Paris aux piétons, aux vélos, aux commerçants, aux transports en commun et aux taxis pour que les habitants et les promeneurs puissent profiter de leur quartier en toute tranquillité. Dans le même temps, nous multiplierons les zones piétonnes dans les autres quartiers avec les maires d’arrondissement.
Avec l’ensemble de la majorité municipale, nous assumons ces transformations sans lesquelles nous ne pourrions plus vivre à Paris dans les prochaines années.
Ces changements doivent se poursuivre dans le calme, la sérénité et toujours, toujours, en lien étroit avec les Parisiens.
C’est pourquoi nous allons bâtir avec eux des solutions dans le cadre des « Dialogues parisiens ». Je les ai initiés au dernier trimestre 2022. Nos concitoyens nous ont fait part d’un certain nombre de préoccupations. La première d’entre elles concerne la sécurité routière et la difficile cohabitation entre les piétons, les cyclistes, les trottinettes, les taxis, les véhicules de livraison et les bus. Ça ne va pas. Nous règlerons les problèmes. Nous prendrons ce sujet à bras le corps avec, dès le mois de février, un premier grand rendez-vous associant habitants, experts, partenaires publics comme privés, pour déboucher sur un « Code de la rue parisien ». L’Assemblée citoyenne a déjà commencé à travailler dessus. L’échéance que je fixe, c’est juin 2023.
Les transports publics, maintenant !
J’aimerais évoquer bien sûr la dégradation terrible du service que subissent les Franciliens depuis quelques mois. Comme nous l’avons annoncé avec d’autres maires de la métropole, nous continuerons à demander la fin de la privatisation du réseau des lignes de bus de la RATP. D’abord, elle est incompatible avec les Jeux de Paris. Au-delà, je n’ai jamais cru à la privatisation des services publics, notamment de transport, parce que c’est toujours synonyme de dégradation du service au public. Ajouter de l’anxiété à la fatigue ne fait pas bon ménage. Nous devons retrouver l’apaisement et la qualité d’un service de transports publics digne d’une métropole moderne.
L’école !
Nous devons aussi préserver notre école. Être élève à Paris, c’est une chance et je veux que cela le reste. Je veux que nos écoles continuent d’offrir les meilleurs conditions d’apprentissage à nos enfants afin de les aider à construire leurs vies d’adultes.
Alors oui, je suis préoccupée par les menaces de suppression de postes d’enseignants dans l’académie de Paris. Et si cela devait se réaliser, nous subirions un nombre de fermetures de classes sans précédent. Ce n’est pas envisageable.
Bien sûr, la démographie scolaire est en baisse, à Paris, comme dans de nombreuses grandes villes de France. Mais plutôt que d’y voir une source d’économies à réaliser sur le dos de nos enfants, il faut saisir cette chance d’améliorer notre école publique, qui souffre tellement aujourd’hui. Moins d’élèves par classe, c’est plus de temps et d’attention pour chaque élève. C’est l’occasion de sortir de la crise, et non de l’amplifier. C’est l’occasion de développer de nouvelles pédagogies. Alors je vous le dis, je serai partie prenante, parce que nos enfants sont ce que nous avons de plus précieux.
La santé !
J’entends aussi l’angoisse qui monte chez les Parisiens et chez les soignants sur l’avenir de la santé en France mais aussi évidemment à Paris.
Les urgences des hôpitaux ont le plus grand mal à assurer leurs missions. La médecine de ville, elle aussi, rencontre de grandes difficultés. Certains quartiers de la capitale sont devenus des déserts médicaux. On n’y trouve plus de médecins généralistes et de spécialistes en secteur 1.
Nous avons créé une direction de la santé publique qui, à Paris, sait se montrer réactive.
Sur ce sujet aussi je serai combative.
En 2023, je proposerai, en ma double qualité de maire de Paris et de présidente du conseil de surveillance des hôpitaux parisiens, la création d’une mission associant l’inspection générale de la ville, les élus, les habitants, les professionnels et les représentants du conseil de surveillance de l’AP-HP pour répondre aux inquiétudes des Parisiens. Dans ce cadre, nous allons repenser les dispositifs d’installation des médecins libéraux pour les rendre plus cohérents et plus lisibles. Nous allons aussi ouvrir une nouvelle maison de santé pluriprofessionnelle dans le 13ème arrondissement, rue Daviel. Et nous proposerons des mesures pour renforcer l’hôpital public, notre bien commun.
Oui, tout est politique.
Et dans la période difficile que nous vivons, nos services publics sont vitaux.
Comment vivre sans transports publics, sans hôpitaux, sans écoles, sans parcs, sans lieux de vie, de sport, de culture ?
Face à l’augmentation des prix, nous aurions pu décider à Paris de fermer certains services publics, d’augmenter les tarifs de cantine, de ne plus prendre en charge le pass Navigo pour les jeunes, les personnes en situation de handicap ou encore les seniors.
Gouverner c’est choisir.
Nous aurions aimé que l’État soit aux côtés de Paris et des autres collectivités qui font face à l’inflation et à la hausse des prix de l’énergie. Il n’en est rien. C’est pourquoi nous avons fait le choix de nous donner les moyens financiers de notre autonomie. C’est le prix de notre liberté.
Ce choix nous permet d’être à la hauteur des urgences pour notre ville, ici et maintenant, et de disposer d’un niveau d’investissement inédit pour 2023 et ce, jusqu’à la fin de la mandature, dans le cadre d’un plan d’investissement que je présenterai le mois prochain.
Grâce à ce choix, nous pourrons maintenir et développer tous nos services publics en 2023.
Tous les équipements de la Ville resteront ouverts, qu’il s’agisse des gymnases, des musées, des bibliothèques, qui sont aussi des lieux d’hospitalité et de fraternité. Comme prévu, nous ouvrirons 800 nouvelles places de crèche dans tous les arrondissements. Nous maintiendrons les tarifs de la cantine qui seront toujours limités à 13 centimes pour les familles les plus modestes. Les services de PMI comme les activités périscolaires resteront gratuits. Nous le devons aux Parisiennes et aux Parisiens et notamment à la classe moyenne qui s’accroche à Paris.
Nous continuerons d’être aux côtés de celles et ceux qui ont le moins en consacrant 25% de nos investissements aux quartiers populaires. Je pense aussi à la réforme à venir des aides sociales municipales pour qu’elles répondent mieux aux besoins des Parisiennes et des Parisiens.
Nous serons là, aussi, pour venir en aide aux familles et aux enfants à la rue.
Et là, c’est une question de dignité, d’humanité.
Personne ne peut fermer les yeux sur la détresse qui se noue sous nos fenêtres. Je veux le dire ce matin, je suis très préoccupée par la situation des enfants scolarisés et des femmes enceintes qui dorment dehors. Ce n’est pas acceptable. L’ouverture par la ville de gymnases et de locaux vides ne suffit plus. Il faut de toute urgence que l’État mette en œuvre un plan global d’hébergement pour l’ensemble de ces enfants.
Dès demain, à l’occasion d’une grande réunion de la solidarité organisée à l’hôtel de ville, je réunirai les professionnels et les maires d’arrondissements pour trouver et proposer des solutions. Je veux saluer toutes les associations mais également les volontaires de Paris qui, en lien avec la Fabrique de la Solidarité, nous accompagnent pour lutter ensemble contre la grande précarité à Paris. Cette même mobilisation nous permettra dans quelques jours, lors de la Nuit de la Solidarité du 26 janvier, d’améliorer notre prise en charge.
En 2023, nous serons aussi aux côtés de nos aînés pour offrir à chacun le droit de vieillir dignement.
Dans le cadre du plan parisien de lutte contre l’isolement, parce qu’on meurt aussi de solitude, nous resterons mobilisés vis-à-vis de celles et ceux qui vivent seuls et souvent éloignés de leurs familles, de leurs proches, de leurs amis. Nous continuerons à rénover les résidences seniors du CASVP, aux Épinettes dans le 17ème arrondissement et à Beaunier dans le 14ème arrondissement.
Et il est un sujet essentiel que je veux prendre à bras le corps en 2023, c’est celui des maltraitances vis-à-vis de nos aînés. Elles sont inacceptables. C’est pourquoi j’ai demandé à Jean-Marie Delarue, ancien contrôleur général des prisons, de mener une mission sur l’accès des personnes âgées à leurs droits dans les EHPAD parisiens, un dossier que je suivrai de très près.
Parmi les droits fondamentaux, il y a aussi celui de se loger à un coût raisonnable.
Nous continuerons donc à faire du logement pour les classes moyennes et les familles notre priorité. Chaque Parisienne et chaque Parisien qui travaille dans et pour sa ville doit pouvoir s’y loger. En 2023, nous livrerons 3 500 nouveaux logements pour les familles et les classes moyennes, en construisant de nouveaux appartements, mais aussi en transformant des bureaux. Un exemple : ce sont 254 logements sociaux qui vont sortir des anciens bureaux du ministère de la Défense sur l’îlot Saint-Germain dans le 7ème arrondissement. L’objectif est d’atteindre 40% de logement public d’ici 2035.
Cette année aussi, et pour la première fois, les locataires pourront signaler directement à la mairie un loyer trop élevé et mettre le propriétaire en demeure de respecter la loi. Dans les prochains jours, nous proposerons également une assurance habitation pour soutenir le pouvoir d’achat des Parisiens modestes. Nous leur permettons ainsi d’avoir une assurance à prix cassé et de bonne qualité.
Et parce que nous savons qu’étudier à Paris signifie souvent un budget logement conséquent, 800 logements étudiants seront livrés en 2023. Qui plus est, comme en 2022, tous les jeunes Parisiens pourront trouver à Quartier Jeunes, dans l’ancienne mairie du 1er arrondissement, un accompagnement en matière de santé, d’emploi, de culture, de sport ou de logement.
Enfin, pour lutter contre la précarité énergétique, nous allons accélérer la rénovation des bâtiments. 5 000 logements sociaux seront rénovés cette année. Avec « Éco-rénovons Paris », les copropriétaires pourront également bénéficier d’aides significatives pour rénover leur logement. Au total, 22 500 logements privés seront rénovés d’ici 2026. Sans oublier évidemment, je le redis ici, que les propriétaires engageant des travaux de rénovation thermique seront exonérés de la taxe foncière. Sur ce point, et comme l’a suggéré l’Assemblée citoyenne, je réunirai à l’hôtel de ville au cours du premier trimestre tous les syndics de copropriétaires pour accélérer le mouvement.
- Pour 2023, j’ai de grands et beaux espoirs pour notre ville.
Paris restera la plus belle ville du monde grâce aux projets d’urbanisme qui verront le jour.
Je pense à l’embellissement des Champs-Élysées, de la place de l’Etoile à la place de la Concorde, avec le soutien du comité des Champs-Élysées. Je pense aussi à Notre-Dame et à ses abords dont le chantier débutera à la fin des Jeux de Paris 2024. La Porte de la Chapelle poursuivra également sa transformation pour révolutionner la qualité de vie des riverains. Demain, elle sera une entrée majestueuse dans Paris avec des arbres, des allées plantées et des trottoirs élargis.
Et nous continuerons à nous battre pour que le grand parc piéton et végétalisé du Trocadéro et du pont d’Iéna voie le jour. Parce que moins de voiture et plus de nature, c’est respecter les engagements écologiques de Paris et de la France. Je rappelle que l’Etat est régulièrement condamné pour son inaction climatique. Et que les Jeux de 2024 doivent être un accélérateur et pas un frein à la transition écologique.
Nous continuerons aussi à faire de Paris une ville plus agréable, plus sûre et plus propre en donnant toujours plus de pouvoirs aux maires d’arrondissement pour mieux entretenir nos rues, nos places, nos jardins. Je veux les remercier d’avoir pris leurs responsabilités. Chacun mesure les bénéfices dans son quartier. Et pour assurer la sécurité des Parisiennes et des Parisiens, 1 000 nouveaux policiers municipaux seront formés et assermentés en 2023. Quelle fierté de voir nos policières et nos policiers arpenter nos rues et assurer leur mission de tranquillité au service de nos concitoyens !
Paris continuera de rayonner à travers le monde par son attachement à la liberté.
Paris continuera de se tenir aux côtés de Kiev et des Ukrainiens, qui souffrent plus que jamais sous les bombes si cruellement lâchées par Vladimir Poutine. Nous serons là tout que le temps que dureront la guerre et la reconstruction. J’ai pris l’engagement solennel auprès de Vitali Klitschsko, le maire de Kiev.
Oui, en 2023, Paris sera plus que jamais une ville refuge, ouverte sur le monde, généreuse, accueillante pour celles et ceux qui fuient la guerre, le terrorisme, la misère, le réchauffement climatique. Nous serons aux côtés des Ukrainiens, des Ouighours, des Arméniens, des Afghanes, des Iraniennes et des Iraniens. Ce qui se passe en Iran est monstrueux : un régime qui tue sa jeunesse n’a aucun avenir. J’en appelle à la mobilisation internationale. Bientôt la Tour Eiffel affichera fièrement le message de la révolution « Femme, vie, liberté ».
Je veux aussi évoquer le sort de la communauté kurde encore endeuillée par les terribles assassinats du 23 décembre, après l’attentat de 2013 qui a coûté la vie à trois militantes kurdes. Beaucoup de questions restent sans réponse, c’est pourquoi j’ai demandé au Président de la République que la lumière soit faite au plus vite. Je me rendrai cette année au Kurdistan irakien pour témoigner toute ma solidarité aux Kurdes. N’oublions jamais que nous leur devons notre liberté. Ils sont à Paris chez eux.
Paris sera toujours une ville de résistance à la haine, à l’homophobie, au racisme, au sexisme, à l’antisémitisme. C’est le rôle et le message de cette ville que j’assumerai pleinement.
Paris restera ouverte au monde en participant à de grands sommets internationaux.
En 2023 je continuerai à porter le message que les maires sont en première ligne des crises, que ce soit la guerre ou l’urgence climatique. Il y a quelques semaines, trois Prix Nobel de la paix, Mohamed Fadhel MARFOUD, Oleksandra MAVITCHOUK et Denis MUKWEGE, ont publié une tribune pour soutenir ce travail de diplomatie mené par les élus locaux. Notre voix est un atout pour la diplomatie et je continuerai à porter celle de Paris. J’aurai également l’honneur de porter celle des Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU) qui m’ont nommée Ambassadrice spéciale pour la planète.
Je poursuivrai aussi mon engagement en faveur de la francophonie avec la réunion de l’AIMF à Paris en avril et une assemblée générale à Cotonou en septembre.
Paris continuera de transmettre son histoire et celle des oubliés.
Oui, parce qu’on ne peut pas vivre sans mémoire, nous allons donner des noms à nos écoles pour que les petites Parisiennes et les petits Parisiens s’approprient notre histoire commune.
En 2023, Paris continuera à rendre hommage à tous les étrangers qui ont libéré Paris et à qui nous devons tant. Nous inaugurerons prochainement la place des Tirailleurs-Sénégalais dans le 18ème arrondissement.
Cette année marquera également le 80ème anniversaire de l’arrestation des 23 résistants du groupe Manouchian, ces Arméniens, Espagnols, Italiens, Roumains, Hongrois ou Polonais qui se sont battus pour la liberté. À cette occasion, Paris dira sa reconnaissance pour ces hommes venus d’ailleurs et morts pour nous. J’appelle à nouveau de mes vœux, aux côtés des parlementaires, d’associations arméniennes et d’anciens Résistants, à l’entrée de Missak Manouchian au Panthéon pour que la Nation lui rende enfin l’hommage qu’il mérite.
Paris fera encore rêver en amplifiant sa mission de capitale de la liberté de création.
Nous avons plus que jamais besoin de culture. Car la culture, à Paris comme ailleurs, donne du sens à la vie en commun. Dans les moments incertains que nous traversons, la culture est un puissant antidote contre l’obscurantisme et les populismes. Elle est indispensable, comme l’air que l’on respire.
En 2023, la culture jaillira donc de plus belle dans chaque quartier, avec l’ouverture de nouveaux lieux, comme la médiathèque James Baldwin dans le 19ème, la ferme Montsouris dans le 14ème mais aussi la Maison Gainsbourg rue de Verneuil dans le 7ème arrondissement, à l’initiative de sa famille. Les travaux pour l’école et le musée Giacometti se poursuivront aux Invalides. Je salue également l’arrivée au théâtre du Rond-Point de Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel, ce duo que je sais particulièrement audacieux et qui va nous émerveiller.
Après leur record de fréquentation en 2022, avec 4,5 millions de visiteurs, les musées parisiens poursuivront sur leur belle lancée ! De magnifiques expositions seront proposées comme Nicolas de Staël au musée d’Art moderne et Sarah Bernhardt au Petit Palais. Et comment ne pas se réjouir de la réouverture de deux lieux si chers au cœur des Parisiennes et des Parisiens : le musée Bourdelle et le Théâtre de la ville, rebaptisé Sarah Bernhardt 100 ans après sa disparition ?
L’été 2023 sera particulièrement riche. Pour la première fois, et conformément à la consultation des Parisiens, Nuit blanche sera organisée en juin, sur le thème de la Seine. Le feu d’artifice du 14 juillet sera dédié aux Outre-mer et Paris Plage 2023 mettra à l’honneur Tahiti et la Polynésie.
En 2023, nous continuerons aussi à valoriser notre patrimoine pour que Paris reste la plus belle ville du monde.
Je pense à tous ces trésors qui retrouveront leur splendeur après leur restauration, comme la fontaine des Innocents dans le quartier des Halles et la fontaine Stravinsky dans le quartier Beaubourg. Et comment ne pas se réjouir de toutes ces églises qui vont être plus belles que jamais avec leurs façades, leurs toitures ou leurs portiques restaurés : l’église de la Madeleine dans le 8ème, Notre-Dame de la Gare dans le 13ème, Saint-Louis en l’île, Saint-Eustache et l’église luthérienne des Billettes à Paris Centre ou encore Saint-Jean-de-Montmartre dans le 18ème ?
Paris restera cette ville de l’amour où l’on a le droit d’aimer librement.
Comme nous l’avions annoncé, je me réjouis de l’ouverture de deux espaces dédiés aux personnes LGBTQI+ en 2023 : je pense à l’espace inter-associatif du Marais, rue Mahler, pour soutenir les plus stigmatisées d’entre elles, notamment les migrants et les victimes de violences, mais aussi au centre d’archives qui ouvrira rue de Crimée dans le 19ème arrondissement.
Paris accueillera toujours mieux les personnes en situation de handicap.
Pour cette dernière année avant les Jeux, nous allons accélérer les travaux pour répondre aux besoins des parathlètes et des 350 000 visiteurs en situation de handicap qui sont attendues.
Nous amplifierons également la démarche des quartiers à accessibilité augmentée qui, dans chaque arrondissement, permettront d’améliorer l’accès des Parisiennes et des Parisiens aux services dont ils ont besoin. Après les Jeux de 2024, nous étendrons cette démarche à l’ensemble de Paris.
Enfin, dans le cadre du « plan école inclusive », nous poursuivrons le travail avec l’Éducation nationale, l’agence régionale de santé et les associations pour que chaque enfant, quels que soient ses éventuels handicaps, puisse évoluer, grandir et apprendre dans sa salle de classe entouré de ses camarades.
Paris confortera la démocratie.
La crise démocratique que nous traversons nous invite à ouvrir les portes et les fenêtres.
En 2023, nous allons continuer à donner aux Parisiennes et aux Parisiens le pouvoir de débattre et de décider ce qu’ils veulent pour leur quartier, leurs rues, leurs enfants, leurs familles, pour cette ville du quart d’heure dans laquelle nous sommes engagés.
En mars, lors du Conseil de Paris, l’Assemblée citoyenne – dont je veux saluer tous les membres présents ce matin – présentera les conclusions de ses travaux sur les sujets qu’elle a choisis : la lutte contre les inégalités avec l’apprentissage de la lecture, la rénovation énergétique ou encore le futur « Code de la rue » dont je vous ai parlé.
Enfin, pour que l’hôtel de ville soit plus que jamais la maison des Parisiennes et des Parisiens, je lancerai en 2023 la première édition des « Universités populaires » pour que puissent se rencontrer citoyens et experts. De ces débats naîtront des idées fructueuses pour la démocratie et pour lutter contre les haines qui prospèrent sur l’ignorance et l’inculture.
Enfin, comment ne pas terminer par ce grand rendez-vous que seront les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 ?
L’année 2022 a été sportive. Je sais de quoi je parle. Mais, comme le disait Pierre de Coubertin : « L’important c’est de participer ». Et comme disait aussi Nietzsche, tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts !
2023 sera tout aussi animée. Je pense à la coupe du monde du rugby, à la coupe du monde de tir à l’arc ou au match de NBA qui feront vibrer le sport à Paris.
Mais ce ne sera rien à côté de la fête de 2024 !
Nous nous rapprochons à pas de course de cet évènement majeur : 563 jours nous séparent du lancement des Jeux olympiques et 596 jours du début des Jeux paralympiques.
Dès le mois d’avril, les volontaires pourront s’inscrire pour rejoindre l’aventure. Le même mois, la semaine olympique et paralympique entrera dans les salles de classe pour que tous les enfants prennent part à la fête.
Les Jeux de Paris 2024 seront un évènement planétaire, le premier après la pandémie et, nous l’espérons, après la guerre en Ukraine, le premier à célébrer la fraternité mondiale retrouvée. Ce sont les valeurs de Paris. Nous les porterons avec fierté en 2024.
Ce seront les Jeux de la liberté, ouverts sur le monde et respectueux de toutes les diversités, dans une ville pavoisée aux couleurs de l’arc-en-ciel pour dire à chacune et à chacun qu’il a le droit d’aimer qui il veut.
Des Jeux de l’égalité, où l’on pourra enfin admirer et encourager autant d’athlètes femmes que d’athlètes hommes.
Des Jeux de la fraternité, qui feront une place à chacune et à chacun. Des Jeux qui changeront notre regard, grâce au sport, en mettant les questions de handicap et d’accessibilité au cœur de tous nos débats.
Tout au long de l’été 2024, lors des Jeux olympiques et paralympiques, nous vivrons la même passion et les mêmes émotions. Nous montrerons au monde que l’excellence sportive ne fait pas de différence et que la singularité de l’autre nous fera toujours grandir.
Des Jeux 100% écologiques, enfin, qui feront de la Seine le théâtre de l’évènement. Je veux à ce sujet saluer le Préfet de région pour son soutien sur les baignades dans la Seine que nous attendons tant.
Nous avons un an pour que ces Jeux reflètent ce que nous sommes.
Grâce à la mobilisation de toutes les équipes, et je veux saluer du fond du cœur Tony Estanguet, Michel Cadot et Nicolas Ferrand, nous serons prêts. Et, je le sais, nous serons prêts aussi, cher Laurent, pour garantir la sécurité de l’événement.
Mes chers amis,
2024 est une année pleine de promesses pour Paris.
Vous pouvez compter sur moi et sur la formidable équipe qui m’accompagne pour être parmi vous, à la hauteur des crises que nous surmonterons, responsables face à l’urgence climatique, attentifs aux conditions de vie des classes moyennes et des plus vulnérables.
Déterminés à faire de Paris la ville où il fait bon vivre et qui rayonne plus que jamais à travers le monde avec son message humaniste, son message universel.
Je vous remercie.
Anne Hidalgo