Protection des enfants contre les violences
Permettez-moi d’inviter à notre Conseil, les voix, les milliers de voix qui ont bravé leur peur, et celles pour qui il est trop tôt, pour nous dire l’innommable, pour partager leur souffrance d’enfance violée par ceux qui auraient dû les protéger. #MeTooInceste avec ce hashtag ont jailli les mots enfouis qui leur vie durant les ont hanté, Ces filles, ces garçons n’avaient souvent même pas dix ans, n’avaient même pas encore appris à les écrire. Moi, j’avais cinq ans.
L’inceste, les violences sexuelles, les violences physiques, n’ont ni classe sociale, ni religion, ni parti politique. Elles ne sont pas des faits divers. Elles sont un fléau qui ronge toute la société.
Et c’est collectivement que nous devons en finir, pour mettre fin à ce silence qui laisse sans recours la souffrance de tant de victimes.
Ces violences, même lorsqu’elles ne tuent pas, entraînent des traumatismes graves pendant des décennies et sans accompagnement les victimes s’enferment dans un cycle de violences. Dépressions, tendances suicidaires, autodestructrices, addictions, échecs dans tous les domaines de la vie…
Les neurosciences démontrent de manière froide et sans appel, comment le développement cognitif et socio-émotionnel des enfants peut être entravé par ces violences ; elles montrent tout aussi clairement que les interventions permettent aux victimes de se reconstruire surtout quand elles ont lieu au plus tôt. Il n’y a aucune fatalité, mais il y a une réalité, et cette réalité exige que nous soyons à la hauteur de l’immense enjeu que représente la prévention des violences envers les enfants, ainsi que l’accompagnement de la parole des victimes et les soins psychosociaux que l’on peut leur apporter.
Mais notre collectivité doit aussi prendre sa part à ce combat, qui est un enjeu de santé publique à part entière. En novembre dernier, Madame Versini, chère Dominique, vous nous avez annoncé la préparation d’un plan de lutte contre les violences faites aux enfants, qui devrait nous être présenté au premier trimestre 2021. Avec Hélène Bidard, le 25 novembre, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, vous avez consacré la journée interprofessionnelle de l’Observatoire parisien des violences faites aux femmes (OPVF) à la question des « les violences patriarcales sur les enfants et les jeunes » pour aider à briser le cercle infernal des violences qui prospèrent à l’âge adulte sur le terreau de celles connues dans l’enfance,
Sans vous avancer sur les points qui pour l’heure ne seraient pas décidés, pouvez-vous nous indiquer quelles pistes ont été retenues comme prioritaires dans vos travaux, et avec quels acteurs de la protection des enfants au sens large vous avez engagé des démarches ? Avez-vous pu recueillir l’expression des premiers concernés autour de leurs besoins et attentes, notamment s’agissant de la sensibilisation et de la prévention des violences, de l’accueil de la parole des enfants victimes et témoin, des services et soins prodigués dans le cadre de la protection de l’enfance et au-delà pour permettre leur reconstruction ?
Je vous remercie par avance de toute précision que vous saurez apporter et je sais pouvoir compter sur votre action déterminée, comme sur celle de chacune et chacun d’entre nous, pour faire respecter pleinement la dignité et les droits des enfants, qui ne sont pas moindre que les nôtres.
Madame Garrigos reprend la parole