INTERVIEW – Les députés examineront à la mi-novembre une proposition de loi dont un article permettra de créer une police municipale dans la capitale. Nicolas Nordman, adjoint chargé de la sécurité et de la police municipale, nous décrit les missions de cette future police parisienne.
L’Assemblée nationale s’apprête à examiner – le 17 novembre en première lecture – une proposition de loi relative à la « sécurité globale »*. L’article 4 crée un cadre légal permettant de doter Paris d’une police municipale. Qu’en attendez-vous?
Nous allons enfin pouvoir mettre en œuvre cet engagement fort d’Anne Hidalgo. Cette loi a été plusieurs fois différée depuis un an. Le gouvernement a préféré laisser passer les élections municipales. La création d’une police municipale de droit commun dans notre ville, c’est un événement historique ! Paris, qui vit sous un statut particulier depuis l’arrêté du 12 messidor an VIII [1er juillet 1800], va pouvoir devenir une ville presque comme les autres, et donc agir de manière très concrète sur la sécurité et la tranquillité publique.
C’est aussi un revirement : jusqu’ici, aucun maire de Paris, de Jacques Chirac à Anne Hidalgo, en passant par Bertrand Delanoë, ne voulait entendre parler de police municipale…
C’est une évolution naturelle. L’anomalie institutionnelle parisienne s’efface petit à petit. La loi de 2017, par exemple, a confié les compétences de circulation et de stationnement au maire de Paris. Les 1 200 ASP [agents de surveillance de Paris, les anciennes pervenches] ont été, à cette occasion, transférés de la préfecture de police à la Ville. Aujourd’hui, la maire a davantage de compétences mais n’a pas encore les moyens juridiques de les exercer pleinement.
Est-ce une réponse à l’explosion de la délinquance à Paris ces dernières années (atteintes aux biens, vols, cambriolages, violences physiques, trafic de drogue…)?
Il est incontestable que la délinquance a fortement augmenté. La police nationale, davantage concentrée sur ses missions régaliennes – terrorisme, grand banditisme, manifestations… – est de moins en moins présente sur le terrain pour assurer la sécurité du quotidien. Il faut la soulager. La Ville entend assumer ses responsabilités. …Suite à l’article pour les abonnés…
Par Bertrand Gréco